Clovis Cornillac : «Belle et Sébastien, c’est mon film, c’est moi»
Le 25/03/2017
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Sur le troisième volet de “Belle et Sébastien”, Clovis Cornillac est, à la fois, réalisateur et comédien. Il interprète le rôle du “méchant”.
Belle et Sébastien 3 Clovis Cornillac Haute Maurienne Interview
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet de “Belle et Sébastien” ?
On est venu me chercher. On me l’a proposé une première fois. Sur le principe, j’ai été assez étonné que l’on me demande de réaliser “Belle et Sébastien” parce que je ne voyais pas le lien que je pouvais avoir avec cette franchise. Une première fois, j’ai refusé gentiment. Ils ont proposé de m’envoyer le scénario. De mon côté, j’ai avancé sur mes projets et j’ai lu le scénario. Il m’a tapé dans l’œil.
Qu’est-ce qui vous a interpellé ?
Il y a quelque chose qui m’intéressait beaucoup. J’ai dit à la production que, ce que ça m’inspirait était assez différent ce qui avait été fait sur les deux premiers. J’adore le scénario car il est aventureux. C’est aussi l’âge d’un enfant qui devient un petit homme. Ça, ça m’intéresse beaucoup. Le monde des adultes et la notion d’injustice, par exemple, avec laquelle, nous adultes, on est habitué à vivre. Mais, quand on se replonge en enfance, on se dit qu’il y a des choses qui sont super pas claires, pas nettes. C’est une aventure où la mort est présente.
C’est un film plus noir que les précédents ?
Ce n’est pas noir. Si je devais prendre des références, ce serait les “101 Dalmatiens” de Walt Disney. Ce sont des films assez violents qui nous construisent. Je n’aime pas prendre les enfants pour des niais. J’aime bien les provoquer car, moi enfant, c’est ce qui m’a fait avancer. Il fallait aussi que Belle soit un personnage et pas un chien. Et tout ça, Walt Disney, Tim Burton, sont des sources de références narratives qui m’intéressent. J’ai dit aux producteurs : “Moi, ça me tente beaucoup, mais voila mon projet, c’est là que j’irai. et je comprends très bien que l’on me dise non”.
Vous avez visionné les deux premiers volets avant d’accepter ?
Je les ai vus pour savoir dans quoi je m’engageais. Avant tout, je voulais un film qui soit un spectacle au cinéma. “Belle et Sébastien” offre cet espace : du graphisme, une manière de filmer, de raconter, de mettre en lumière. J’ai envie que les gens, les familles aillent au spectacle en allant voir ce film. Qu’ils vivent ensemble une aventure à travers ce film. La notion esthétique est vachement importante pour que les gens soient pris par l’émotion de ce qui se passe, du spectacle. Ce ne sera pas un film mignon. Je veux que ce soit un beau film et que les adultes qui n’ont pas d’enfant soient attirés par lui pour retrouver leur âme d’enfant. Je ne sais pas faire un petit truc mignon pour les enfants.
Enfant, vous avez vu la série “Belle et Sébastien” de Cécile Aubry ?
Gamin, je l’ai vue, mais je n’étais pas fan. J’étais plus intéressé par “Les brigades du tigre”. J’aimais bien le côté policier. En revanche, j’adore l’idée de cet enfant et ce chien, de cette relation dans la montagne et comment on grandit à travers les aventures. Ça, ça me plaît beaucoup.
Nicolas Vanier avait choisi la Haute-Maurienne pour “Belle et Sébastien”. Tourner dans cet endroit a été une obligation pour vous ?
Cela m’a surtout semblé très logique. Je trouve la Haute-Maurienne magnifique et j’étais très content de revenir et de ne pas faire le malin avec ça. J’ai peut-être envie de la filmer autrement, de changer de point de vue pour donner une autre perspective.
Vous connaissiez ce secteur avant de venir pour le film ?
Je connaissais de nom. Je suis vraiment venu pour faire les repérages à partir du mois d’octobre. Je suis plutôt quelqu’un de curieux, d’ouvert. J’étais très heureux de rencontrer cette région, les gens. Avant tout, malgré la beauté naturelle des lieux, ce qui fait une région, ce sont les gens qui l’habitent. C’était important pour moi d’être en phase avec ça et de rencontrer l’humain dans la nature.
Comment ont été ces relations, justement ?
Elles étaient très chouettes. J’ai rencontré des gens plutôt “serrés” au départ, mais curieux. Très vite, ça se détend. C’est un fond de vallée, il y a quelque chose de tenu, on ne va pas se livrer comme ça. Une fois que cette retenue est tombée, j’ai vu des gens que j’aime.
Vous auriez envie, à l’avenir, de revenir ici pour des projets à vous ?
Probablement… Pour l’instant, c’est difficile à dire. C’est tellement, pour moi, l’univers de Belle et Sébastien et de mon film aujourd’hui, que je n’imagine pas l’après. “Belle et Sébastien 3”, c’est mon film, c’est moi. Ce n’est pas une commande. Ce que j’ai mis dedans, c’est moi tout nu. Chaque plan, chaque choix, chaque chose a du sens pour moi. Je vais le défendre bec et ongles.
Propos recueillis par Agnès BRIANÇON-MARJOLLET
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