Mehdi parle de "La Famille Ramdam"
En avril 2017, Mehdi était l'invité d'un des panels du festival Séries Mania dédié à La Famille Ramdam. 3 épisodes ont été projetés en partenariat avec l'INA (La série est introuvable à ce jour). L'occasion pour le journal Première de réaliser un entretien avec l'acteur (l'article d'origine est ici).
Première : Pour commencer, je dois avouer que je n’ai jamais vu La Famille Ramdam…
Mehdi El Glaoui : Vous connaissez le pitch ? Ça commence toujours par une séance de psy. Je joue un jeune médecin qui a eu la mauvaise idée d’installer son cabinet sur le même palier que ses parents. Du coup, il a plein de problèmes, il va se confier à sa psy, et la psychanalyse lance l’épisode. C’était assez sympa comme concept. Bon, après, j’avoue que comme j’ai tourné ça en 1990, je ne me souviens pas de tout…
Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé de venir présenter La Famille Ramdam ?
C’est la première fois qu’on me demande d’en parler ! J’étais assez surpris et heureux, parce qu’en général quand on me convoque pour ce genre de réunion, c’est pour parler de Belle et Sébastien ou du Jeune Fabre. Déjà, à l’époque, cette série était une grande fierté, c’était couillu de parler de l’insertion des Maghrébins en France de façon pas du tout caricaturale. Je tire mon chapeau aux producteurs et à M6. Les Ramdam était une famille intégrée, avec un fils médecin, on était loin du cliché du rebeu voleur. Pour l’époque, c’était courageux. Et ça soulignait le décalage qu’il peut y avoir entre la réalité et les caricatures qu’on fait des enfants d’immigrés. Beaucoup se sentent Français à 300%. Moi, je m’appelle Mehdi El Glaoui, mais je me sens très peu marocain, je n’ai jamais eu le sentiment de ne pas être intégré. Avec tout ce qui se passe aujourd’hui, la série a un écho très particulier, c’est assez passionnant.
Les programmateurs de Séries Mania en parlent comme d’un Cosby Show francais…
J’espère que je ne vais pas finir comme Bill Cosby… La comparaison s’arrête là ! (Rires) Mais c’est vrai qu’il y avait un peu de ça. Avec quand même des problématiques et un humour très français. Moi, à l’époque – et encore aujourd’hui, d’ailleurs – j’avais du mal à sortir de l’image de Belle et Sébastien…
Et ça avait changé le regard qu’on portait sur vous ?
Tout à coup, la communauté maghrébine a découvert que j’avais des racines marocaines. C’était pas forcément écrit sur ma gueule. Je me retrouvais avec plein de nouveaux fans. J’étais heureux, parce que ça donnait une fierté à des gamins qui s’appelaient Mohammed, à qui certaines choses paraissaient inaccessibles et qui se disaient soudain qu’ils pourraient devenir médecin, ou acteur. J’avais une double culture, une double identité, mais c’était naturel, pas revendiqué, je ne me vivais pas comme un porte-drapeau.
J’imagine que c’était d’autant plus fort que, avec Belle et Sébastien, vous étiez un emblème de la France des Trente Glorieuses…
Bien blanche !
Au panthéon de l’histoire de France…
Oui, en tout cas au panthéon de la SFP et de l’INA. Bon, j’ai fait plein d’autres choses aussi, j’ai joué pour Corneau dans Le Cousin… Mais La Famille Ramdam, c’est vrai que c’était particulier.
Quand on vous a proposé la série, l’ambition politique et sociale était totalement revendiquée ?
Politique, je ne sais pas, mais sociale, oui. C’était produit par Vertigo, la boîte de Black Mic-Mac et La Vérité si je mens ! Ils avaient envie de rigoler en parlant de différences culturelles. Je ne pense pas que c’était politique à proprement parler, ils avaient juste capté que la France était multiculturelle et qu’il était temps de le montrer.
Ça avait l’air plus simple à l’époque…
J’en suis pas si sûr. Mitterrand était au pouvoir depuis 81, on pourrait croire que c’était plus ouvert, mais du côté des chaînes de télé en tout cas, c’était encore très sclérosé. M6 avait eu du courage de se lancer dans cette aventure.
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