B&S3 : une trentaine de chiens d'aveugle au cinéma avec leurs maîtres
Le 09/02/2018
- TV5 Monde - Paris
Igloo, Fatja, Linka... une trentaine de chiens d'assistance ont assisté jeudi soir à Paris à la projection en avant-première du film "Belle et Sébastien 3" avec leurs maîtres pour sensibiliser à la question de l'accessibilité des personnes déficientes visuelles ou auditives au cinéma.
La projection de ce film familial en audiodescription et en version amplifiée (qui sortira le 14 février) réalisé par Clovis Cornillac d'après l'oeuvre de Cécile Aubry, est inédite en France selon les organisateurs, notamment le site animalier Wamiz et la Fédération française des associations de chiens guides d'aveugles (FFAC).
Dans ce nouvel opus, Sébastien est à l'aube de l'adolescence et Belle est devenue maman de trois adorables chiots.
Pierre, son père, et Angelina sont sur le point de se marier et rêvent d'une nouvelle vie, ailleurs... Au grand dam de Sébastien qui refuse de quitter sa montagne. Lorsque Joseph, l'ancien maître de Belle, ressurgit bien décidé à récupérer sa chienne, Sébastien se retrouve face à une terrible menace. Plus que jamais, il va devoir tout mettre en oeuvre pour protéger son amie et ses petits.
Frédéric Cardin, non voyant de naissance, a découvert les nouvelles aventures de Belle et Sébastien avec Igloo, son labrador de 5 ans "qui l'accompagne partout, au travail comme en forêt".
"C'est une avancée de suivre un film au cinéma avec un casque audio. J'ai 40 ans, j'ai donc connu le cinéma avant l'audiodescription et j'ai appris à me créer une sorte d'imaginaire. Maintenant, il faudrait que ça se généralise dans tous les cinémas", espère-t-il.
Elisabeth Lye caresse Fatja, sa chienne labrador noire âgée de 7 ans. "Quand je vais au cinéma, je ne comprends pas la moitié du film. C'est une première, je n'avais jamais vu de film en audiodescription au cinéma. c'est une bonne initiative", dit-elle.
- 2 millions de déficients visuels, 6 millions de déficients auditifs -
Avant le lancement du film, Clovis Cornillac, qui interprété le méchant Joseph à l'écran, avait enregistré ce message : "Quand je fais du cinéma, je fais du cinéma pour tout le monde. Ca me fait beaucoup de peine de penser qu'il y a des gens qui n'y ont pas accès. Je trouve ça chouette ce rapport aux animaux. J'ai fait ce film qui parle de cette relation privilégiée qu'il y a entre les animaux et l'homme, de cette aide mutuelle. C'est un film d''aventure qui nous échappe du quotidien avec une notion de conte".
Ravie d'avoir partagé cette expérience avec sa chienne Linka, qui a poussé comme ses congénères quelques aboiements en voyant Belle à l'écran, Dominique Micela, déficiente visuelle et auditive, juge que "c'est une bonne façon de faire connaitre l'école des chiens d'assistance, le rôle des familles d'accueil". "Les gens sont plus dans la compassion, dans l'aide, quand ils nous voient avec un chien qu'avec une canne", affirme-t-elle.
Aujourd'hui en France, près de 2 millions de personnes présentent une déficience visuelle et on estime à 6 millions le nombre de déficients auditifs.
Paul Charles, président de la FFAC a placé en 2017 200 chiens guides d'aveugle. Selon lui, "le film met en valeur les sentiments : l'amour, l'attachement et l'inclusion profonde dans notre cercle familial.".
"Nous partageons avec cet animal nos secrets, nos peines et nos projets. Les bénéficiaires nous démontrent combien leurs compagnons de vie sont là pour les assister dans tous les actes de leur quotidien, sans relâche ni contestation mais avec une constance égale avec le plaisir de donner l'amour à leur maître", dit-il.
Si le rôle des chiens guides d'aveugles est largement connu par le grand public, celui des chiens du silence est encore peu identifié. Ils alertent les personnes sourdes ou malentendantes des sons du quotidien, pour leur apporter indépendance et confiance en soi.
Par Isabelle TOUSSAINT / AFP © 2018 AFP
Belle et Sébastien 3 Avant-premières
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