Belle et Sébastien

Belle et Sébastien

« Un film d’aventure, comme je les aime »

Le 11/02/2018

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Clovis Cornillac réalise et joue dans "Belle et Sébastien 3 : le dernier chapitre" qui est sorti mercredi.

Clovis Cornillac réalise et joue dans le dernier épisode de “Belle et Sébastien”. Photo Christophe Brachet - Radar Films – Epithète Films – Gaumont – M6 Films – W9

Clovis Cornillac marque de son empreinte le nouveau “Belle et Sébastien”. D’abord en tant que réalisateur, filmant avec brio le dernier chapitre du triptyque commencé par Nicolas Vanier et poursuivi par Christian Duguay. Mais aussi comme interprète, endossant l’habit noir, le chapeau noir, les yeux noirs et la mine noire d’un méchant particulièrement méchant, qui débarque aux commandes d’un half-track à l’allure de monstre, et dont la présence maléfique symbolise, face à l’innocence du jeune garçon, la confrontation avec le mal. Grand spectacle et frissons assurés…

Comment vous êtes-vous retrouvé à la réalisation de ce troisième volet de “Belle et Sébastien” ?

C’est le producteur, Clément Miserez, qui m’a appelé et qui m’a fait cette proposition. Je n’avais pas vu les deux premiers films, et j’ai naturellement demandé à regarder de près le scénario. Ce n’en était que la première version, qui a pas mal évolué par la suite, mais j’y ai senti tout de suite quelque chose qui m’embarquait dans une sorte de voyage, comme dans les grands récits d’aventures, et qui me faisait penser à Jack London ou à Joseph Conrad. J’étais encore hésitant, et j’ai esquissé un refus poli, mais Clément est revenu à la charge et m’a demandé de réfléchir à des options de réalisation.

Quelles perspectives de cinéma y avez-vous donc vu ?

J’y ai vu la possibilité de faire un film dans la ligne du cinéma tel que je l’entends : à la fois populaire et animé d’une vraie ambition. Parce que, pour moi, réaliser, ce n’est pas anodin : toute humilité gardée, ceux que j’aime, et à qui j’ai tout de suite pensé, ce sont les grands : Billy Wilder, John Ford, Stanley Kubrick, et Charles Laughton, bien sûr, avec sa “Nuit du chasseur”, où j’ai vu une référence immédiate.

Vous avez donc accepté ?

Oui, en développant l’idée que j’avais du film et qui a tout de suite emballé la production, et aussi les scénaristes qui ont été très réceptifs à mes propositions. Après avoir vu les deux premiers volets de l’histoire, je voulais en effet embarquer le personnage, et le film, dans des aventures ayant un ton différent : non pas casser la ligne du récit déjà commencé, mais adapter le thème à l’âge de Sébastien, qui a grandi, pour l’amener au terme de son apprentissage. Après la quête de la mère, puis celle du père, la confrontation avec la réalité du monde et avec le mal qui en fait partie.

D’où le choix de votre personnage, et la couleur noire que vous lui donnez ?

Exactement. Il existait déjà des méchants dans les deux premiers épisodes, mais j’ai poussé les curseurs à fond ! Avec cette idée de faire découvrir à Sébastien l’injustice : ce sale type qui vient lui enlever son chien, il a le droit de son côté. Ce qui amène l’enfant à considérer que la loi et la justice ne vont pas toujours ensemble, et que le monde des adultes est compliqué. Et je voulais aussi que ce méchant ait de la gueule, parce que le mal a aussi quelque chose de fascinant.

Il a, de fait, tout pour faire peur ?

Exactement. J’ai tout particulièrement soigné son allure : il a un côté ogre, un côté loup, un côté monstre maléfique, auquel fait écho le half-track, sorte de machine dévorante, dans lequel il apparaît. Il est là pour faire peur. Et la peur, c’est une excitation essentielle pour l’enfance. Je me souviens avoir vu Cruella à 5 ans : j’en tremble encore ! Je ne voulais pas donner à mon film un côté mignon et Bisounours. La cruauté fait aussi partie des contes. En revanche, je ne voulais pas de côté cynique, de distance ironique. Je voulais un film qui plaise directement aux enfants, de 7 ans à 77 ans…

Avec, pour vous, le plaisir de filmer ?

Bien sûr. Filmer, pour moi, c’est une excitation complète : quand je tourne, je ne tiens plus en place, je ne pense qu’à ça. Et je ne lâche rien : je sais exactement ce que je veux, même si ça paraît impossible à faire. Et là, le défi était de taille. Tourner avec un enfant, des chiens et de la neige : c’était vraiment le cumul des mandats ! Mais j’avais une belle équipe, avec des gars qui ont réussi des tours de force, des trajets de drones incroyables, des effets de tempête à couper le souffle…

Vous avez plus envie, désormais, de réaliser ou de jouer ?

De réaliser, bien sûr. C’est mon deuxième film comme réalisateur, et j’en prépare déjà un troisième, que je tournerai à Lyon. J’y jouerai aussi, au côté d’Alice Pol, et ce sera une comédie au ton incongru, dans l’esprit de Zelig ou de Forrest Gump. Quand tu réalises, tu te mets à nu, tu montres qui tu es. Et en même temps, tu parles au subconscient des gens. J’adore faire l’acteur, bien sûr, mais la réalisation, pour moi, c’est ma plus belle histoire d’amour professionnelle.

 

“Belle et Sébastien 3 : le dernier chapitre”, un film de et avec Clovis Cornillac, et avec Félix Bossuet et Tchéky Karyo, France, 1 h 37. Sortie le mercredi 7 février en région Auvergne-Rhône-Alpes, et le 14 février pour le reste de la France.

Par Propos recueillis par Jean SERROY 

Le dauphiné libéré Drôme

Belle et Sébastien 3 Clovis Cornillac Interview

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