Belle et Sébastien

Belle et Sébastien

Entretien avec Fabien Suarez et Juliette Sales (scénaristes)

Du 08/04/2016 au 20/04/2016

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  • Comme au cinéma

Qu'est ce qui vous a donné envie de vous atteler à cette nouvelle aventure après la première transposition de la série ?

On adorait la série télé créée par Cécile Aubry et interprétée par Mehdi. On a donc eu l'idée de l'adapter pour le grand écran et dès le départ on a pensé à une trilogie. Il nous semblait intéressant de suivre Sébastien dans cette période qui mène de la petite enfance au seuil de l'adolescence. Notre idée consistait à transposer l'histoire pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le deuxième volet, l'action se passe fin 45. 

Quand on a présenté notre projet au producteur Clément Miserez et à Sidonie Dumas, chez Gaumont, ils se sont montrés très enthousiastes et ils ont donné leur accord pour le premier épisode. Puis on a eu la chance inouïe de trouver Félix, un jeune comédien formidable. Il s'avère qu'il grandit très bien en tant qu'acteur, ce qui nous permettait d'envisager sereinement les deux autres volets. 

Comment avez-vous imaginé et construit cette trilogie ?

Pour Belle Et Sébastien, L'Aventure Continue, on tenait à faire un film très différent du premier. On a donc rédigé un traitement qu'on a présenté au producteur et à Christian Duguay. 

Dans le premier film, il y avait un enjeu dramatique très fort : c'était le début de l'amitié entre le chien et Sébastien, enfant solitaire. 
Pour le deuxième volet, on a décidé de donner un autre rythme au film : on souhaitait qu'il y ait plus d'aventures et on a axé l'enjeu sur la relation père/enfant. Sébastien trouve une famille et il noue les liens de cette famille. 

La temporalité de ce deuxième opus est différente du premier.

On souhaitait que le film se déroule sur quelques jours seulement, contrairement au premier qui s'étale sur quatre saisons. En revanche, il nous paraissait essentiel de conserver l'ADN du premier volet avec une place prépondérante pour la nature, le chien, l'enfant, les éléments – et notamment le feu pour le deuxième film. La nature constitue donc un personnage à part entière. La présence des animaux est aussi très forte : on le remarque surtout dans la scène du combat entre le chien et un animal sauvage. 

D'où vient l'histoire originale de Belle Et Sébastien, L'Aventure Continue ?

Dans la deuxième saison créée par Cécile Aubry, Sébastien retrouve son père mais ils n'ont pas du tout les mêmes rapports que dans cet opus. Notre histoire est différente et on avait commencé à l'esquisser avant la sortie du premier film. Quand Christian a lu notre traitement, il a été très sensible à cette thématique père/fils et il a immédiatement adhéré au sujet.

Comment le petit Sébastien a-t-il évolué ?

On tenait à reprendre Sébastien là où on l'avait laissé. Dans le premier film, il n'allait pas à l'école et Angélina poussait le grand-père à l'y accompagner. Dans ce film on le voit faire l'école buissonnière, puis il est brisé par la disparition d'Angélina. On voulait le faire sortir de la montagne pour qu'il voyage à la fois physiquement et psychologiquement. Dans le premier film, Sébastien était un petit sauvageon, un enfant solitaire et silencieux. Comme Félix n'avait que 7 ans, on n'avait écrit que peu de dialogues pour que ce ne soit pas trop compliqué pour lui. Il devait apprivoiser Belle et il y avait beaucoup d'échanges entre lui et le chien. Dans ce nouvel opus, Sébastien quitte le nid : il part avec un inconnu qu'il sait être son père sans que celui-ci le sache. Il doit donc dompter son père. Il découvre alors les problèmes des adultes et la difficulté de faire des choix. César lui a caché l'existence de son père et il va aller de surprise en surprise...
Il rencontre aussi Gabriele, une jeune fille plus grande que lui. Il éprouve une certaine admiration pour elle et il découvre la séduction. On voulait lui donner un alter ego au comportement plus radical : si Sébastien est un enfant de la nature, Gabriele est une jeune fille encore plus casse-cou qui pousse la désobéissance jusqu'à se travestir. 

Et César ? 

Il vit en dehors du monde des adultes. Il a gardé un pied dans l'enfance, dans une sorte de liberté et de sauvagerie. Il a un lien très fort avec la nature. Sur le plan dramaturgique, il occupe une place essentielle par rapport à Sébastien : c'est son point de repère, sa colonne vertébrale. Sébastien va gagner en indépendance quand il monte dans l'avion et qu'il rencontre son vrai père. C'est aussi un homme qui a combattu dans la Première Guerre mondiale et qui a toujours été à la frontière de l'anarchie, à l'instar d'un Giono. 

D'où vient le personnage de Pierre, et dans quelle direction avez-vous souhaité l'emmener ?

On l'a vraiment écrit comme un croisement entre Indiana Jones et Han Solo. Il se comporte de manière irresponsable au début : c'est une sorte de mercenaire qui fait de la contrebande. Par exemple, il a volé un avion aux Allemands et il n'hésite pas à piquer de la dynamite ! En même temps, il est totalement démuni face à l'émotion. Alors qu'il est tout à fait prêt à sauter dans le feu, il n'a pas les armes pour réagir face à son fils. Peu de comédiens français sont capables d'incarner physiquement ce genre de personnage. On voulait opposer à Sébastien un homme qui vient d'un univers – celui de l'aviation – qui fait rêver. On a donc un clivage important entre cet homme, qui déteste les chiens, et l'enfant, pur produit de la montagne.

Angélina incarne le courage.

Ce personnage existait déjà dans la série de Cécile Aubry. On l'a transformée pour en faire une femme beaucoup plus moderne et active : elle aspire à une réalisation personnelle, ce qui était interdit aux femmes à l'époque. Malgré son absence à l'écran, elle incarne le moteur narratif de ce deuxième film. On tenait à la montrer comme une femme forte. Elle a participé à la Résistance, elle a pris son destin en main et elle est allée combattre. 

Sébastien possède la même combativité.

Dans les trois volets, on tenait à développer des scènes-clés qui fassent rêver les spectateurs enfants, voire adultes, comme celles où Sébastien monte dans un avion, grimpe à un arbre, descend d'une faille, fait de la luge ou dévale une pente. Le courage est un élément essentiel chez Sébastien. C'est d'ailleurs une qualité très touchante chez les enfants. Belle est une amie protectrice qui rend possible toutes ces aventures intrépides. Sébastien peut donc avancer en ayant confiance car il n'est pas seul : Belle veille sur lui. 

Les scènes d'action sont d'une grande crédibilité.

On souhaitait placer l'action dans le registre le plus réaliste possible. On a donc travaillé avec Christian sur la plausibilité des éléments et des situations. Il y a quelques effets spéciaux mais davantage mécaniques que numériques. Par exemple, nous étions sur le tournage au moment de l'explosion! Il aurait été plus simple d'avoir recours au numérique mais on avait choisi de rester fidèle à l'ADN du premier opus. Sur le tournage du précédent volet, Nicolas avait emmené les enfants dans un mètre de neige. Physiquement, cela ne ment pas à l'écran et se voit surtout chez les enfants.

À quel moment avez-vous su que Christian Duguay réaliserait le film ?

Il est arrivé pendant que nous écrivions le séquencier. C'était très agréable de travailler avec Christian : il s'est montré respectueux du texte tout en nous indiquant ce vers quoi il voulait aller. Ce qui nous a touchés, c'est qu'il a eu un vrai coup de cœur pour le projet. Il l'a pris à bras le corps et l'a porté avec nous. 
Christian Duguay a été à la fois très présent, très curieux du travail de Nicolas Vanier et soucieux de respecter les points forts du premier film pour pouvoir créer avec son propre talent un deuxième opus. Il a su réaliser un film plus aventureux, plus mystérieux avec un côté un peu haletant. Il a réussi à trouver sa place dans une équipe qui existait déjà. Avec beaucoup de générosité, il a pris les personnages là où Nicolas les avait laissés pour les emmener ailleurs et les faire grandir.

Comment la collaboration avec lui s'est-elle passée ?

Il était très réactif par rapport aux idées qu'on émettait : il nous poussait dans nos retranchements d'auteur et nous engageait à être plus précis. Il nous a aussi demandé de lui lire le scénario à haute voix pour avoir une foule d'indications qui n'étaient pas sur le papier. Il voulait que chaque détail serve au tournage et cela nous a contraints à beaucoup de clarté. Christian est un grand perfectionniste qui attache énormément d'importance à la préparation du film. Avant d'arriver sur le tournage, tout était précisé et calé au niveau du scénario. Il savait parfaitement où il voulait aller. Quand on voit le résultat en tant que scénariste, on est comblé ! Christian a une très forte personnalité. Il a apporté un rythme très particulier au film, ce mélange d'action et d'émotion qui est la marque de son talent.

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