Nicolas Vanier revisite “Belle et Sébastien”
Le 11/03/2013
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C’est près de Bessans en Savoie que Nicolas Vanier a décidé de tourner "Belle et Sébastien”. Mag2 Lyon a passé une journée sur le tournage.
C’est un des films attendus pour 2013. Il ne s’agit pas d’une super production américaine avec effets spéciaux et acteurs ultra connus. Ni d’un réalisateur bankable à la Tarantino. Mais de l’adaptation d’une série des années 60 qui a bercé toute une génération : "Belle et Sébastien”. C’est le 26 septembre 1965 que le public découvre l’histoire de Sébastien, un jeune orphelin recueilli par un berger et qui va se lier d’amitié avec Belle, un grand chien blanc. C’est immédiatement un succès. Et cette histoire va traverser les années avec succès. D’ailleurs, en 2005, l’intégrale de la série sort en DVD. Puis en 2010, Cécile Aubry, l’auteur de "Belle et Sébastien”, décède. Gaumont sent tout de suite le bon coup marketing et décide d’adapter cette histoire au cinéma. C’est Nicolas Vanier qui est choisi. Un homme hors norme qui se fait généralement discret. Lui ce qu’il aime, c’est le Grand Nord. Ses espaces immaculés qu’il traverse avec pour seul compagnie ses chiens de traîneau. Sibérie, Laponie... Il a parcouru tous ces territoires hostiles à l’homme. Un de ses plus grands exploits reste L’Odyssée Blanche au cours de l’hiver 1998-1999. 8 600 km entre Skagway en Alaska et Québec. Soit la traversée intégrale du Grand Nord Canadien. Nicolas Vanier réalise l’exploit de terminer cette course en moins de 100 jours. A son arrivée, il est accueilli comme un véritable héros. Les récits de ses aventures, qu’il s’agisse de livres, de documentaires ou de films, sont à chaque fois des succès. A l’image de "L’enfant des neiges” où on découvre Nicolas Vanier pour la première fois en famille. Pendant un an, Vanier et sa femme vont parcourir les montagnes rocheuses canadiennes avec leur fille âgée de seulement deux ans. Des paysages féeriques et un documentaire particulièrement émouvant. Depuis, Nicolas Vanier a décidé de se lancer dans le cinéma. Un monde diamétralement opposé au sien mais où il semble finalement tout aussi à l’aise. Il faut dire que sa passion pour les grands espaces et la montagne n’est jamais bien loin. Pour preuves les deux films qu’il a réalisés. "Le dernier trappeur”, l’histoire de Norman Winther, un des derniers trappeurs des montagnes rocheuses, sorti en 2004. Et "Loup” où Nicolas Vanier a voulu montrer le quotidien d’un jeune nomade gardien de rennes. Un film tourné en Sibérie et sorti en 2009. "Belle et Sébastien” s’inscrit dans cette lignée. Celle des beaux films qui subliment des paysages. C’est donc dans les montagnes de Haute-Maurienne que Nicolas Vanier a décidé, cette fois, de poser ses caméras.
Poudreuse
Jeudi 17 janvier. Il faut faire trois heures de route depuis Lyon puis quelques minutes de motoneige pour rejoindre l’équipe de tournage de "Belle et Sébastien”. Nicolas Vanier a décidé de poser ses caméras près de Bessans. Un coin de Savoie qu’il connaît bien puisque c’est ici qu’il a créé la célèbre course de chiens de traîneaux, La grande odyssée. On est loin de tout, avec pour seul décor cette montagne recouverte d’une importante épaisseur de neige. Dehors, il fait - 15°. L’équipe est sur place depuis 9 h du matin. Doudounes et bottes de neige canadiennes obligatoires. Mais malgré un équipement digne du Pôle Nord, le froid est difficilement supportable. Certains techniciens ont même la barbe gelée. Les acteurs aussi sont frigorifiés. Margaux Chatelier, Loïc Varraut et Karine Adrover jouent trois réfugiés qui tentent d’échapper à un officier allemand interprété par Andreas Pietschmann. Chargés de sac à dos remplis de bûches de bois, ils tentent péniblement d’avancer dans la neige. Pas moyen d’en savoir plus sur la scène tournée aujourd’hui. Le secret est bien gardé et l’équipe ne souhaite pas dévoiler l’intrigue. Seule certitude : avec cette épaisseur de poudreuse, pas facile pour les acteurs de se déplacer. Une épreuve d’autant plus compliquée pour la jeune Paola Palma, une fillette de 8 ans qui accompagne le groupe d’adultes. Elle tombe à plusieurs reprises dans la neige, peinant à se relever. Entre chaque prise, sa nounou lui apporte une bouillotte bien chaude afin de réchauffer ses doigts engourdis. Malgré les chaufferettes et l’épaisseur de vêtements, elle semble congelée. Mais garde le sourire. C’est son premier film et elle est fière d’être là. On sent quand même le soulagement général lorsque Nicolas Vanier donne l’autorisation à toute l’équipe d’aller en pause déjeuner en attendant que le soleil disparaisse pour pouvoir continuer à tourner. Mais le repas, soupe, pommes de terre et viande en sauce, va être de courte durée. Nicolas Vanier prend à peine le temps de manger, assis sur une des motoneiges, son assiette sur les genoux. En bon solitaire baroudeur.
Marathon
Il est à peine 13 h. Le soleil commence à se cacher derrière l’autre versant de la montagne. Le tournage peut reprendre. Nicolas Vanier est déjà en place. Il est même remonté depuis plusieurs minutes et ne semble pas se lasser de regarder cette montagne qu’il affectionne tant. En attendant que les techniciens et les acteurs arrivent, il passe quelques coups de fils et s’invite à dîner chez un ami le soir même. Mais rapidement il s’impatiente : une actrice manque à l’appel. Elle a pris plus de temps que les autres pour se réchauffer dans la tente où est stocké le matériel. Ce qu’a du mal à comprendre Nicolas Vanier. Il faut dire que le réalisateur ne craint pas le froid. Le Grand Nord et la Sibérie sont ses terrains de jeux préférés malgré des températures frôlant les moins 50°. D’ailleurs, sur le tournage, il ne porte ni manteau ni gants. Pourtant, avec l’absence de soleil, le froid est de plus en plus piquant. Mais pas question de prendre du retard. Nicolas Vanier dirige donc son équipe d’une main de fer, prenant le temps de les recadrer entre chaque prise. Les acteurs sont les mêmes que le matin. Ils rejouent exactement la même scène mais en plan plus serré. Pour ce qu’on appelle les raccords. C’est reparti pour un marathon dans la neige. Et pour que leur prestation semble encore plus réaliste, Nicolas Vanier leur demande de marcher dans la neige fraîche. Les acteurs s’enfoncent tellement que Margaux Chatellier, qui ouvre la marche, va finir par avancer à genoux. Impossible de feindre l’épuisement. Les acteurs sont vraiment morts de fatigue. Mais Nicolas Vanier est un perfectionniste. Les prises s’enchaînent. Le tournage est tellement éprouvant physiquement, que certains acteurs comme Andreas Pietschmann mettent des barres de céréales dans leur poche pour reprendre des forces entre chaque prise. Après plusieurs heures, la scène est enfin en boite. Et Nicolas Vanier autorise 15 minutes de pause.
Aventure
Déplacer les caméras et l’ensemble du matériel n’est pas non plus une tâche facile en montagne. Mais malgré les difficultés, la bonne humeur règne et tout le monde semble content de faire partie de cette aventure. Plus bas, les jumeaux qui se remplacent pour jouer Sébastien arrivent à leur tour en motoneige, emmitouflés dans des doudounes trop grandes pour eux. Sourire aux lèvres, ils sont impatients de commencer à tourner. A quelques mètres, un chien se dégourdit les pattes. Un montagne des Pyrénées évidemment, qui doit entrer en scène dans quelques minutes. Deux autres chiens similaires sont dans des cages à proximité pour assurer le remplacement en cas de souci. Il n’y a qu’eux qui ne semblent pas gênés par le froid de plus en plus violent. Pour les acteurs, il est temps d’y retourner. La température a encore chuté. Le tournage doit durer encore trois semaines. Après, tout le monde pourra prendre des vacances bien méritées. Tandis que Nicolas Vanier repartira en excursion, seul avec ses chiens.
"De doux souvenirs d’enfance”
C’est l’aventurier et réalisateur du film "Le dernier trappeur”, Nicolas Vannier qui réalise "Belle et Sébastien”. Une adaptation de la célèbre série TV lancée en 1965, qui sortira en décembre 2013. Un rêve d’enfant pour ce passionné de montagne. Interview.
Pourquoi avoir décidé d’adapter "Belle et Sébastien” au cinéma ?
Nicolas Vanier : "Belle et Sébastien” c’est avant tout de doux souvenirs d’enfance. Cette série m’a beaucoup touché car j’ai toujours été très attiré à la fois par les chiens et la montagne. J’étais donc la cible parfaite. Suite au décès de Cécile Aubry, l’auteur de "Belle et Sébastien” en 2010, Gaumont et les producteurs ont immédiatement pensé à moi pour faire ce film. Et le soir même, j’ai écrit tout le synopsis.
Qu’est ce qui vous emballait tant dans ce projet ?
Après un premier film qui était un hymne au Grand Nord Canadien puis un second à la Sibérie, j’avais envie de montrer la féerie de ces montagnes des Alpes que j’aime énormément et que je connais très bien. Ça me plaît vraiment car la France reste mon pays, même si j’en suis souvent éloigné. Plus je voyage, plus je me dis que notre pays est beau et diversifié. J’espère qu’on ressentira vraiment ça à travers le film.
Vous êtes souvent venu dans les Alpes ?
Très. C’est aussi ici que j’ai créé La grande odyssée, une course de chiens de traîneaux qui passe sur le chemin juste en bas de notre lieu de tournage.
Tout le tournage se déroule au même endroit ?
Oui, sauf le pré-générique qui a été tourné dans le Vercors. Sinon, on a filmé ces montagnes pendant les trois saisons. On a déjà fait la jaune et la verte, ce qui correspond à l’automne et l’été. Et nous sommes actuellement sur le tournage de la saison blanche, l’hiver. Au total, on aura tourné 3 mois et demi.
Tourner en hiver c’est plus compliqué ?
Disons que chaque période a ses contraintes. A l’automne, quand il pleut et qu’on avance dans la bouillasse, on se dit vivement l’hiver. D’autant plus que la neige et les températures négatives, de moins 5-6°, n’ont aucune conséquence sur le matériel. En revanche, en hiver on a beaucoup de problèmes liés aux traces. On a besoin de neige vierge pour servir l’histoire. Ce qui est très compliqué au cinéma où on est souvent obligé de tourner plusieurs fois une même scène. Sinon, les conditions climatiques et le froid ne nous dérangent pas car mon équipe a déjà travaillé en Sibérie avec moi par moins 50°. Par contre, c’est peut-être parfois un peu plus compliqué pour les acteurs.
Comment avez-vous choisi vos acteurs ?
Sébastien a été choisi parmi 2 400 enfants. J’en ai ensuite vu 200 pour n’en retenir que 12 que j’ai emmenés avec moi notamment pour les mettre au contact des chiens. On a fait les premiers essais et j’ai décidé de confier le rôle à Félix, un enfant de 7 ans et demi. Sinon, pour le rôle de César, Tcheky Karyo s’est immédiatement imposé à moi. Quand j’écrivais l’histoire, je pensais à lui, à son rôle dans le film "L’ours”... J’aime chez lui cette apparence rude qui cache en fait un cœur énorme. C’est aussi un acteur qui a une vraie gueule.
Ce film va être une véritable adaptation de la série "Belle et Sébastien” ?
Non. Je n’ai gardé que le titre et les personnages. Tout le reste est original. Mais je ne veux pas trop dévoiler l’histoire. Je peux juste dire qu’on retrouvera les fondamentaux : un petit garçon orphelin qui va vivre différentes aventures avec ce grand chien blanc qu’il va apprivoiser, et réciproquement. Un film qui se passe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quand pourra-t-on découvrir ce film en salle ?
Le 18 décembre prochain. On souhaite vraiment que ce film soit prêt pour les vacances de Noël car l’histoire s’y prête bien. D’autant plus qu’une partie de l’histoire se passe le jour de Noël.
Vos projets ensuite ?
Juste après la sortie du film, j’irai quelques mois avec mes chiens de traîneaux en Chine du Nord, Mandchourie et Sibérie. Car j’ai besoin de m’isoler un peu après cette période de travail en équipe.
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