Mehdi fait ses premiers pas devant la caméra dès l’âge de 4 ans avec la série TV « Poly » écrite et réalisée par sa mère Cécile Aubry. Puis il crée le personnage de Sébastien avec la trilogie à succès « Belle et Sébastien », « Sébastien parmi les hommes » et « Sébastien et la Marie-Morgane » toujours avec Cécile Aubry. « Le Jeune Fabre » avec Véronique Jannot sera la dernière collaboration avec sa maman.
Il tourne ensuite pour le cinéma sous la direction de Jean-Claude Brialy (Un amour de pluie), Michel Boisrond (Catherine et Cie), Alain Corneau (Le cousin), Claude Miller…
Parallèlement il se consacre à la réalisation, il devient assistant auprès, notamment de Claude Goretta et Yves Robert. Il réalise plus d’une dizaine de courts-métrages dont « Première Classe » avec André Dussolier et Francis Huster. Le film obtiendra le César du Court-Métrage en 1985.
On le découvre comédien au théâtre dès 1980 dans « Maison Rouge » de Pierre Sala. Dans « Comment devenir une mère juive en dix leçons » au théâtre de l’Oeuvre, il partage l’affiche avec Marthe Villalonga et André Vallardy. Il interprétera une dizaine de pièces, dont « Un point c’est tout » (2008/2009) de Laurent Baffie au Théâtre du Palais-Royal.
En 2013, il participe au long-métrage « Belle et Sébastien » réalisé par Nicolas Vanier, où son personnage donne la réplique à celui qu’il incarnait à ses débuts, Sébastien, désormais interprété par le tout jeune Félix Bossuet.
Aujourd’hui, après plus de cinquante ans de carrière, Mehdi termine la rédaction d’un livre de souvenirs, édité chez Michel Lafon.
L’aventure de Belle et Sébastien a débuté alors que vous n’étiez encore qu’un petit garçon…
Exactement. Je jouais Sébastien dans la série originale, écrite par ma mère, Cécile Aubry. Elle s’était faite remarquer avec POLY, ce qui a permis à Gaumont de produire le feuilleton « Belle et Sébastien » au début des années 1960. À l’époque, le roman éponyme existait déjà. Depuis 50 ans, j’évolue dans le monde du cinéma, notamment comme comédien, et je dois avouer que j’étais extrêmement ému quand on m’a proposé de participer au film.
Comment vous êtes-vous impliqué dans le projet de long métrage ?
C’est le producteur Clément Miserez qui a pris l’initiative de me contacter : il souhaitait me parler du projet, puis il m’a demandé si un rôle dans le film m’intéressait. J’étais enchanté par cette idée ! Je dois dire que l’adaptation de la série pour le cinéma m’avait déjà traversé l’esprit. Du coup, j’ai tout de suite adhéré au principe et Nicolas Vanier avait toute ma confiance : c’est un homme très proche de la nature, qui a su porter cette histoire dans une démarche de grande sincérité. Et il a réussi à réunir un casting formidable, y compris pour les seconds rôles.
Qu’avez-vous pensé du scénario qui conserve certains éléments de la série tout en prenant des libertés ?
La transposition de l’histoire pendant la Seconde Guerre Mondiale m’a beaucoup plu car elle ajoute une dimension humaine et dramatique au récit. Il est bien évident qu’aujourd’hui on ne raconte plus les histoires comme on pouvait le faire dans les années 60 : pour intéresser les enfants et conserver leur attention, il fallait « muscler » l’intrigue et raconter quelque chose de fort.
Comment s’est déroulé le tournage de la séquence avec Félix ?
Nous nous sommes très peu vus en réalité et nous n’avons donc pas vraiment eu le temps de nous lier. Pour autant, dans la petite scène que nous partageons, j’ai eu l’impression de me revoir des années en arrière. Comme Félix est très pudique, voire timide, il était assez difficile de l’apprivoiser. Et au fond, je n’y tenais pas tant que ça car étant moi-même réalisateur, je voulais qu’il garde sa fraîcheur et son envie de travailler avec Nicolas : Félix était dans sa bulle et il ne fallait surtout qu’il se sente parasité. J’ai laissé Nicolas nous diriger sans m’immiscer.
En voyant le film, vous êtes-vous reconnu en Sébastien ?
Petit, j’étais différent de Félix et même si le film s’inspire de la série, il apporte un ton tout à fait nouveau. J’ai donc préféré aborder le tournage en tant que comédien professionnel qui incarne André. J’ai décidé de faire abstraction de mon interprétation dans la série il y a 50 ans. Néanmoins, cela m’a rappelé de lointains souvenirs, entre le froid, la montagne et la neige…
Qui est André, votre personnage ?
C’est un homme assez rustique, une sorte d’ »ouvrier de la campagne ». On retrouve ce genre de personnages dans LES GRANDES GUEULES de Robert Enrico. Sans me comparer à Bourvil ou Ventura, j’ai essayé de m’inspirer de ce film autant que possible pour faire d’André un taiseux : c’est le genre de type dont on a du mal à tirer les vers du nez mais qui reste pourtant tendre et généreux avec ce petit venu lui poser des questions indiscrètes. J’étais ravi de pouvoir, pour une fois, donner une image totalement différente de ce que j’ai pu faire jusque-là. Car j’aime composer des personnages même si je me considère comme un « rustique » – et surtout pas un intello. J’ai vécu 17 ans dans le Cantal, je suis donc très proche de la terre.
Comment Nicolas Vanier dirige-t-il ses acteurs ?
Nicolas ne parle pas beaucoup, tout en sachant parfaitement ce qu’il veut. Mais ce que j’apprécie particulièrement chez lui, c’est qu’il fait preuve d’une grande souplesse : il est capable de comprendre qu’une tournure de phrase puisse être alambiquée et accepte alors de petites modifications si on respecte le sens du dialogue.
Par ailleurs, Nicolas est le champion du monde de la nature et des grands espaces et il a réussi à mettre en valeur les personnages et les décors naturels, ce qui n’était pas simple. Mais ce que je retiens de cette aventure à ses côtés, c’est sa sincérité : il est devenu un ami, il m’a presque convaincu de partir en voyage avec lui ! Mais je ne suis pas certain que cette idée le ravisse !
Quelle a été votre réaction en découvrant le film ?
Le plus saisissant, c’est la beauté des images : Nicolas sait capter la nature, les couleurs et les matières d’une manière inégalée et j’ai trouvé la lumière de l’hiver magnifique. Quant aux acteurs, ils sont tous d’une grande justesse. Andreas Pietschmann, notamment, n’est pas du tout caricatural et a même un côté sympathique, ce qui le rend d’autant plus inquiétant. Du coup, on ne tombe jamais dans la représentation clichée des nazis au cinéma. Urbain Cancelier campe son personnage avec beaucoup de finesse. Tchéky Karyo est formidable dans un vrai rôle de composition. Et comme beaucoup j’ai été très impressionné par l’interprétation de Margaux Chatelier qui campe une Angélina bouleversante d’émotion et de force. Sans oublier Dimitri Storoge en médecin-résistant à la fois sobre et déterminé.