Sébastien et le Mal
Le 07/02/2018
- Le dauphiné libéré - Grenoble
LE FILM DE LA SEMAINE - “BELLE ET SÉBASTIEN 3 : LE DERNIER CHAPITRE”, DE ET AVEC CLOVIS CORNILLAC
Pour Sébastien, l’apprentissage est difficile et il lui faut traverser la tempête comme une étape ultime nécessaire pour affronter désormais la vie.
Photo Christophe BRACHET
Un noir western des neiges, pour refermer la page de l’enfance.
Sébastien a 12 ans : un âge important, où l’on commence à quitter l’enfance et où une autre étape, celle de l’adolescence, se profile à l’horizon. Pour lui, ce passage est marqué par une double rupture : son père et Angelina, qui se marient comme c’était prévisible, décident d’aller commencer une nouvelle vie au Canada et de l’emmener donc vers le Nouveau Monde. Un arrachement pour l’enfant, qui va devoir quitter son vieux grand-père César, les trois petits et adorables chiots que Belle vient de mettre au monde et la montagne où il a grandi : autrement dit, toute sa vie.
Pour que la rupture soit plus totale encore, voilà que surgit, au volant d’un half-track qu’on dirait sorti de “Mad Max”, un type en manteau et chapeau noir qui, lui, a toute la dégaine d’un méchant de western spaghetti, même s’il n’en a pas tout à fait le prénom : il s’appelle Joseph et n’est autre, du moins le prétend-il, que le vrai maître de Belle, qu’il vient donc récupérer et ses chiots avec.
Une dureté inattendue
Voilà donc lancé avec ce vilain bonhomme patibulaire en diable le fil dramatique d’un troisième volet qui joue délibérément, une dernière fois, la carte de l’enfance et du monde de l’aventure : ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que Sébastien lit “Les trois mousquetaires” ! Encore que les aventures qu’il va vivre soient moins ici de cape et d’épée que de couteau cranté et de fusil à lunettes, l’enfant décidant de s’enfuir avec Belle et ses chiots, poursuivi par le sinistre Joseph qui, cigarette au bec et regard noir sous le bord rabattu de son chapeau, ne craint pas de sortir l’artillerie lourde pour mater ce jeune insolent qui le défie.
Clovis Cornillac, qui réalise, tient aussi le rôle de ce méchant décidément très méchant, dont la noirceur accentuée fait un contraste symbolique avec la blancheur immaculée de la neige et du poil de Belle.
Pour Sébastien, l’apprentissage est difficile et il lui faut traverser la tempête comme une étape ultime nécessaire pour affronter désormais la vie. Et pour Clovis Cornillac, la mission, qui n’était pas facile, est plutôt bien accomplie : rompant avec la tonalité plus douceâtre des deux précédents volets, il donne au troisième, par une mise en scène toute en tension, une forme de dureté inattendue, qui, en jouant sans compromis sur cette émotion indissociable de l’enfance qu’est la peur, fait découvrir à l’innocence le visage à la fois inquiétant et fascinant du Mal.
Avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo et Clovis Cornillac – France, 1 h 37. Sortie aujourd’hui en Rhône-Alpes, sortie nationale le 14 février.
Par Jean SERROY
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