Clovis Cornillac : « Je suis un acteur pratique » ****
Le 23/11/2016
- Le Parisien
Clovis Cornillac est le héros de France 2 (ce soir 20 h 55) dans la saison 2 de la série « Chefs ». Rencontre avec un acteur investi à 200 %, qui signe la réalisation de 4 épisodes.
Clovis Cornillac retrouve les cuisines pour la seconde saison de « Chefs ». - FTV/CALT/CHRISTOPHE CHARZAT
Les « Chefs » sont de retour ce soir sur France 2... Et, pour le dire simplement, nous vous recommandons cette saison 2 de la série gastronomique. Poursuivi par ses démons, sans arrêt sur un fil, le chef étoilé — Clovis Cornillac — digère mal d'avoir dû céder sa place à son fils à la tête du restaurant le Paris. Il a abandonné les fourneaux pour se livrer à de dangereux paris gustatifs dans des tripots clandestins. Son brillant rejeton, lui, cherche en vain la reconnaissance de papa tout en subissant les pressions de M. Edouard, propriétaire du restaurant.
Toujours aussi esthétique, cette nouvelle salve de huit épisodes ausculte les âmes, bouleverse autant qu'elle maintient sous tension au sujet des rapports entre les deux héros, de leurs ambitions, de leurs quêtes respectives. Une saison riche, où Clovis Cornillac s'est plus investi que jamais en tant qu'acteur, et même réalisateur.
Avez-vous trouvé le même plaisir à retrouver le personnage du chef dans cette saison 2 très sombre ?
CLOVIS CORNILLAC. Oui. Ce chef est romanesque. J'aime ce type de personnage sombre, plus riche. C'est la force des séries que j'aime : elles mettent en perspective des émotions très fortes, l'amour, la mort, la passion, la violence, la sensualité. Et quand l'écriture, la réalisation suivent, avec des acteurs remarquables, c'est un bonheur. J'ai été longtemps frustré par le manque d'ambition à la télé française. Or, le public est prêt. Dans cette saison 2, j'ai trouvé culottés les choix du scénario : les héros vont vivre la prison, la campagne, l'amour, la folie...
Cette saison est axée sur la rivalité père-fils. En tant que père de trois enfants, vous comprenez ?
Je serais très étonné d'avoir ce type de relations avec mes enfants. En revanche, ce qui peut être compliqué, et que je n'ai pas vécu, c'est d'être enfant de quelqu'un de très connu. Moi, je suis juste une petite vedette et un gars discret. Dans « Chefs », la relation père-fils est plus un combat de coqs. C'est passionnant de toucher à la filiation assortie au pouvoir. Cela existe plutôt dans les grandes familles, dans le monde des affaires. On le voit par exemple chez les Trump, où les enfants sont bras ballants devant leur père tout-puissant. C'est « Dallas » !
Vous réalisez les quatre derniers épisodes. C'est vous qui vous êtes proposé ?
Réaliser mon premier long-métrage il y a un an et demi, « Un peu, beaucoup, aveuglément », a été une révélation. Pour « Chefs », Arnaud Malherbe ne voulait pas réaliser les huit épisodes. Je me suis jeté dans la réalisation à 200 %, avec mon rythme, une caméra qui bouge beaucoup... sans trahir les codes de la série.
Qu'est-ce que ça vous a apporté ?
Je me suis bien amusé à mettre un peu d'humour dans ce thriller. Je demande à tout le monde de donner beaucoup, mais on se fait plaisir. C'est un peu comme une brigade de cuisine, à la grande différence que je me fais des alliés de mes partenaires. On ne m'entendra jamais gueuler sur un plateau.
Dans une scène, vous jouez avec votre maman la comédienne Myriam Boyer. C'est votre idée ?
Oui. A un moment, le chef est en quête de sens et va voir un personnage important pour lui. Myriam est une actrice remarquable et elle collait vraiment avec le rôle. C'est la première fois que je la dirige et c'était très chouette.
Etre devant et derrière la caméra n'est pas schizophrénique ?
Si j'avais 20 ans et cherchais à réaliser pour avoir des rôles, cela pourrait l'être. Mon obsession en tant que réalisateur est de raconter l'histoire et mon attention se porte sur les autres. Quand je joue aussi, on ne perd pas de temps avec moi. Je suis loin d'être le meilleur comédien de France, mais j'ai l'avantage d'être investi dans chaque plan. Je suis un acteur pratique !
Deux nouveaux personnages féminins intègrent cette saison 2. Vous y teniez ?
C'est formidable. La cocréatrice et scénariste Marion Festraëts ne leur a pas donné des rôles de merde. Ce sont des personnages lumineux avec du caractère. La cuisine est un milieu macho, mais il y a de plus en plus de femmes qui comptent. Elles doivent être costaudes.
Vous allez réaliser le troisième volet de « Belle et Sébastien » au cinéma. Un autre défi ?
Oui. La réalisation est désormais ma priorité. On tournera à partir de mi-janvier. J'ai envie de faire un grand film de cinéma qui parle aux adultes et aux enfants. Sébastien va avoir 12 ans en 1947 et c'est le dernier volet. On sera dans l'aventure, la neige, la glace, le passage dans le monde des adultes, la découverte de l'injustice. Je vais devoir maîtriser beaucoup de choses (NDLR : les effets spéciaux, la météo...), tourner avec des enfants, des chiens. Je vais aussi jouer le méchant, un personnage qu'on ne rachète pas.
Carine Didier - Le Parisien
Clovis Cornillac Belle et Sébastien 3
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