Belle et Sébastien

Belle et Sébastien

Clovis Cornillac : “ Ma priorité c’est la réalisation ”

Le 11/02/2018

Ajouter au calendrier

  • La Nouvelle République

Clovis Cornillac
Clovis Cornillac ne se fait pas de cadeau avec le personnage de Joseph, délicieusement ignoble. 
© (Photo Gaumont)

Il aura 50 ans en août prochain, un moment où sa vie négocie un virage. Acteur très sollicité, Clovis Cornillac se voit de plus en plus réalisateur.

Le tutoiement est de rigueur, l’anecdote facile. Entre deux bouffées gargouillantes de sa vaporette, Clovis Cornillac parle de l’actualité et raconte ses souvenirs quand, tout jeune, sa voiture avalait chaque nuit les kilomètres entre Paris et Avignon, parce qu’il avait caché qu’il honorait deux contrats en même temps… Il s’anime encore un peu davantage quand il aborde la fabrication de Belle et Sébastien 3. En signant les épisodes de la série Chefs, Clovis Cornillac a attrapé le virus de la réalisation qui ne le quitte plus. Après un honorable premier film avec la Tourangelle Mélanie Bernier (Un peu, beaucoup, passionnément), il sort le troisième et dernier opus de la saga Belle et Sébastien.

“ J’ai cette chance inouïe d’avoir toujours été désiré ”

Avez-vous nourri une appréhension avant d’apporter votre pierre à l’édifice de la saga ?

Clovis Cornillac : « En fait, je pense que j’ai une vraie naïveté. Dans l’emballement du projet, je ne pense pas à ce genre de chose. Concrètement, à partir du moment où le scénario m’a inspiré et que j’ai fait part de ce que je voulais faire, c’est devenu mon film. Je n’ai même pas vu que je pouvais décevoir. C’est mystérieux l’inspiration. Au départ, je me suis dit : que ce n’était pas pour moi. Je n’avais pas vu les 1 et 2, je n’étais pas fan de la série. Alors j’ai lu par conscience professionnelle. Là, je me suis fait gauler. Et puis c’est une chance de faire un film d’aventure en France, transgénérationnel, pas segmenté. C’est rare. »

Pour incarner Joseph, le salaud du film, où avez-vous trouvé les ressources ?

« Très sincèrement, j’ai un rapport au jeu très sain. C’est une notion de jeu d’enfant. Entre “ moteur ” et “ coupez ”, j’y crois. Quand je joue Joseph, je veux que le personnage soit habité et remplisse sa fonction. Je me connais, je sais que ce sera nourri. Après il me suffit de trouver sa forme graphique. Il faut juste que j’y croie. On y met un peu de soi, mais on fait comme si ! C’est comme si tous les deux, on jouait à chacun doit faire croire à l’autre qu’il est quelqu’un d’autre. On rigolerait et on y arriverait très bien. »

On voit quelque chose de rare et touchant dans le film : deux personnes vieillissantes qui tombent amoureuses…

« C’était une thématique que je voulais développer. Pour moi, ça fait écho à une forme de modernité : aujourd’hui, à 60 ans, la vie n’est pas terminée. Au coin de la rue, une nouvelle aventure peut commencer. Je pourrais faire la parabole de ce qui m’est arrivé avec la réalisation. J’en suis tombé fou amoureux. »

Pourriez-vous abandonner le métier d’acteur ?

« Je n’ai pas de cahier des charges. La priorité c’est la réalisation, mais je ne peux pas dire que quand on m’appelle, que je peux jouer et que j’ai le temps, je ne le fais pas. »

Au milieu des années 2000, vous étiez quasiment de tous les projets. Aujourd’hui vous semblez ne faire que ce que vous aimez. Comment gère-t-on une carrière ?

« Je n’ai pas la réponse. J’ai cette chance inouïe d’avoir toujours été désiré. Je sais, ce n’est pas normal, ça a beaucoup à voir avec la chance. Après, il faut travailler, je ne me suis jamais reposé sur la chance. Et puis au fil des ans, il t’arrive d’être triste, déçu du film à l’arrivée. Ça fait fantasmer sur ce qui aurait pu être fait et au bout d’un moment, pour éviter l’aigreur, tu te dis qu’il faut essayer. »

Vous n’êtes pas monté sur les planches depuis trois ans. Ça vous manque ?

« J’aime le théâtre, vraiment. Après, si on veut bien travailler, il faut se donner les moyens. Pour l’instant, je suis à fond dans la réalisation et j’ai des projets de cinéma qui m’excitent. »

Et pourquoi pas une pièce avec Myriam Boyer votre maman ?

« Ça pourrait… Et rien ne dit que ça ne se fera pas. Mais notre relation n’est pas liée au travail. J’aime ce qu’est Myriam. Nos vies, c’est de nous regarder mutuellement. »

Vous venez de dire que vous aviez des projets de films, quels sont-ils ?

« Ils sont en cours de financement. J’ai deux projets sur le feu : une comédie un peu décalée qui me tient beaucoup à cœur et une comédie d’aventure pour cet hiver, un buddy movie (fims de potes). Mais je me méfie, par superstition : si je t’en dis plus et que ça tombe à l’eau, j’aurais l’air bête. J’ai beaucoup de propositions d’adaptations, de réalisations : c’est un moment plutôt agréable. D’autant que mon travail de réalisateur a l’air d’être apprécié. »

« Belle et Sébastien 3, le dernier chapitre » (1 h 30) Mercredi 14 février.

La Nouvelle République

Belle et Sébastien 3 Clovis Cornillac Interview

  • 1 vote. Moyenne 1 sur 5.

Ajouter un commentaire