Clovis Cornillac, la bête noire de Belle
Le 13/02/2018
- Le progès
Avec Belle et Sébastien 3, l’acteur lyonnais signe son deuxième film, après Un peu, beaucoup, aveuglément (2014) et plusieurs épisodes de la série Chefs. Le film, déjà à l’affiche des cinémas d’Auvergne Rhône-Alpes sort mercredi 14 février dans le reste de la France. A la Chien-Valentin ?
Clovis Cornillac incarne également le méchant, vraiment très très démoniaque Photo GAUMONT
Belle et Sébastien
« Pour être franc, je n’étais pas fan de la série de Cécile Aubry (1965) que j’ai revue en rediffusion dans les années 70. Gamin, j’étais plutôt Brigades du tigre. La proposition, donc, m’a d’abord déstabilisé. Je ne voyais pas le lien avec moi. Mais la lecture du scénario m’a plongé dans la littérature aventureuse, Jack London, Joseph Conrad, John Steinbeck. Et comme on ne fait plus de films d’aventure en France, je me suis lancé, mais de façon extrêmement sincère, sans idée tordue, sans chercher à faire le malin avec le sujet, pour faire quelque chose d’extrêmement populaire. »
Engagement
« Pour Belle , j’ai bossé 14 heures par jour, pendant un an et demi. C’était une obsession. Je crois qu’il n’y a pas d’autre façon de faire un film. Qu’un film soit raté, je peux comprendre et je pardonne facilement tant qu’il y a eu du taf et de l’engagement. Ce que je trouve désolant, c’est quand le réalisateur n’y met aucun engagement, aucune ambition. C’est ce que je reproche à pas mal de films que j’ai fait en tant qu’acteur. »
REPÈRE
Le tournage s’est déroulé en mars 2017 en Savoie à Bramans, Lanslebourg-Mont-Cenis, Bessans, Bonneval-sur-Arc, Villarodin-Bourget et Termignon.
Réaliser
« À presque 50 ans, après 30 ans passés à faire l’acteur, je suis tombé amoureux d’un nouveau métier en faisant Un peu beaucoup, aveuglément , celui de réalisateur. Et j’avais envie de mettre ça dans Belle 3 , qu’il soit un vrai film de cinéma, une notion qui m’est chère. Quand je regarde Fast & Furious , qui cartonne et c’est tant mieux pour l’industrie du cinéma, je m’ennuie ferme, je ne vois ni d’aventure ni de cinéma. À côté, Bullitt , je vois tout de suite du cinéma, une manière, un acteur (Steve McQueen). C’est pas quelque chose qui s’agite, truffé d’ennui. »
Qu’un film soit raté, je peux comprendre. Ce que je trouve désolant, c’est quand il n’a aucune ambition.
Clovis Cornillac
Image du mal
« Joseph, le méchant du film qui vient kidnapper Belle et ses chiots, est l’incarnation du mal. Les enfants le comprennent mais les adultes saisissent les sous-entendus. L’histoire se passe en 1948, Joseph conduit un véhicule de guerre allemand… Moi, si je devais définir la pire personne de l’après-guerre, ce ne serait pas le collabo, mais le type qui a été collabo pendant la guerre et ami avec les résistants à la Libération. Des collabos, peut-être qu’il y a en a eu plus qu’on ne le croit dans nos familles, collaboration molle, collabo par peur ou par intérêt, mais celui qui a bouffé à tous les râteliers, c’est vraiment l’ordure. »
Chiens et chats
« J’ai eu plein de chats et de chiens. J’adore les chats mais je sens qu’ils me jugent. Comme je me sens assez félin, j’ai l’impression d’être en compétition avec eux. Avec mes chiens, en revanche, je vis quelque chose que seuls les personnes qui en possèdent peuvent comprendre, et que je serais incapable de verbaliser sans passer pour un Charlot ; Oui, ils comprennent que. Oui, ils savent que. Mais si j’explique, ça va faire « fake » alors que c’est extrêmement profond et personnel. »
Belle et la PMA
« Le mystère demeure sur le chien qui a fait trois chiots à Belle. Mais dans cette histoire, il y a toujours un papa qui manque, non ? Après, il faut quand même dire la vérité : Belle est jouée par plusieurs mâles ! Si on voulait être dans la véracité absolue, il faudrait parler de PMA (procréation médicalement assistée) mais on sortirait du film… »
Recueilli par David S. Tran
Belle et Sébastien 3 Clovis Cornillac Interview
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