Clovis Cornillac : "Je veux fabriquer un cinéma populaire et noble"
Le 23/01/2018
- Ouest France - Quimper
Clovis Cornillac est réalisateur et acteur dans le dernier opus de Belle et Sébastien sur grand écran. | DR
Clovis Cornillac, réalisateur et acteur de Belle et Sébastien 3, était au Cinéville de Quimper (Finistère), vendredi 19 janvier, pour présenter son film en avant-première.
Entretien avec Clovis Cornillac, acteur et réalisateur.
Clovis Cornillac | DR
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
C’est le producteur principal des deux premiers films, Clément Miserez, qui m’a appelé. Il m’a fait lire le scénario et, à la lecture, les images me sont apparues. J’ai été bercé par une littérature nord-américaine comme Jack London et j’aime ce cinéma d’aventure, ce souffle où toutes les générations peuvent se retrouver dans une même salle. Le cinéma que j’ai envie de fabriquer est un cinéma populaire et noble, où l’on ne te prend ni pour un enfant, ni pour un vieux. Des films à voir d’abord sur grand écran, avec de vrais enjeux. Pour celui-ci, je voulais une image particulière. Avec Thierry Pouget, le directeur de la photographie, on a beaucoup travaillé sur la colorimétrie, la recherche de texture, genre film des années 60 en Technicolor, avec un travail sur la matière, la montagne, les costumes. Parallèlement, on a aussi fait un gros travail sur le son, notamment celui de la tempête. Il faut que le spectateur l’éprouve.
Vous réalisez le film, mais vous jouez aussi le rôle du méchant, Joseph, le propriétaire de Belle.
Il m’est apparu que je pouvais jouer ce personnage, d’abord parce que j’étais disponible (rire) et parce que, de cette façon, je pouvais davantage m’occuper des autres comédiens. J’avais une vision très précise de ce rôle. Je voulais que le personnage soit le mal incarné. Comme dans le conte, la thématique ne marche que si l’ogre nous fait peur. Qu’il soit en même temps indestructible et horriblement séduisant. Mais il y a aussi un deuxième personnage : celui du véhicule de Joseph qui a un côté monstre métallique anxiogène. Tout le monde voulait monter dedans pendant le tournage ! Mais étant le propriétaire de Belle, la loi lui permet de récupérer sa chienne. Vers 9 ans j’ai eu une sorte de révélation que la loi n’était pas juste. C’est difficile de dire à un enfant que la loi est avec le méchant. Dans ce parcours initiatique, Sébastien va être confronté au monde des adultes et au choix, tout comme Belle : est-ce que je reste avec Sébastien ou je protège mes petits ?
Qu’est-ce qui a été le plus compliqué sur ce tournage ?
Un peu tout. C’est un tournage compliqué car on cumule des choses sur trois mois et demi. On tourne avec des enfants, des animaux et la neige qui n’est pas toujours là quand on veut. Tourner à 2 500 m d’altitude n’est pas simple pour toute l’équipe. Mais la difficulté n’est pas un problème quand on est porté par quelque chose.
Le personnage de Sébastien prend, dans ce film, toute sa densité.
Ce qui m’intéresse dans l’histoire, c’est que Sébastien ait 12 ans en 1948. À l’époque, beaucoup de gamins commençaient à travailler à 14 ans. Je voulais parler de ce moment de prise de conscience. Félix Bossuet (qui interprète Sébastien, NDLR) est d’une beauté enfantine mais, en même temps, il a une certaine densité qui commence à apparaître. Quand il revêt sa cape de berger pour sauver Belle des griffes de Joseph, c’est la cape de Zorro. Sébastien a grandi. J’ai envie que les enfants grandissent en voyant le film.
L’un des personnages importants du film c’est Belle. Quel type de chien aimeriez-vous avoir ?
Un braque de Weimar, j’aime son allure, sa noblesse et puis surtout son regard, celui d’un vieux sage.
Belle et Sébastien 3, le dernier chapitre, sortie nationale mercredi 14 février.Belle et Sébastien 3 Clovis Cornillac Interview
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