Portrait : il était le Sébastien de Belle
Le 17/11/2013 à 00:00
Avec sa chienne, il a enchanté les soirées télé des Français dans les années 1960. Aujourd’hui, Mehdi El Glaoui raconte sa vie après le feuilleton phare.
Isabelle Spaak | 07 Nov. 2013, 11h15 | MAJ : 07 Nov. 2013, 16h17
Le temps a fait son travail. Il a creusé les joues, voilé le regard, alourdi la silhouette, fait pousser une barbe qui grignote le bas du visage.
Mais soudain, ce sourire incroyable illumine les traits boudeurs et nous fait chavirer, comme il a fait chavirer, à la télévision, dans les années 1960, trois générations de petites filles.
Cinquante ans après, Mehdi est bien là. Toujours le même charme et les mêmes grandes enjambées lorsqu’il traverse la pelouse, comme il s’élançait jadis dans l’une de ses folles équipées avec sa chienne.
De 1961 à 1973, l’adorable Mehdi El Glaoui, petit-fils du pacha de Marrakech et fils de Cécile Aubry, ancienne actrice devenue auteure de livres pour enfants, fut le héros de quatre séries télévisées, écrites et réalisées par sa mère.
Enfant-vedette durant douze ans
A 5 ans, il est Pascal, dans les aventures de Poly, récit d’une amitié entre un garçonnet et son poney.
A partir de 9 ans, il est Sébastien dans Belle et Sébastien (1965), Sébastien parmi les hommes (1967), Sébastien et la Mary-Morgane (1970).
Puis l’adolescent longiligne tombe amoureux de Véronique Jannot dans Le Jeune Fabre (1973).
En tout, douze années de présence cathodique dans les foyers de France, d’où partent des milliers de lettres à chaque diffusion des feuilletons.
Des courriers parfois ouverts, parfois non, mais tous religieusement conservés par Cécile Aubry.
Un trésor qui raconte une époque et l’évolution d’un personnage qui a grandi avec son interprète.
« A la période des Sébastien, on me disait que j’avais de la chance d’avoir des animaux, de vivre à la campagne. J’incarnais la liberté absolue d’un enfant en pleine nature. Pour le Jeune Fabre, les courriers étaient, disons, plus sexués… »
Au Moulin bleu, dans la vallée de Chevreuse (Essonne), où il vit, les sacs entiers de lettres sont toujours là, certains mangés par les souris.
« Regardez, celle-ci vient de New York », s’amuse l’ancien enfant-vedette qui a décidé, par le biais d’un livre de répondre, enfin, à ses admiratrices d’autrefois.
Certes, il forme un « binôme » exclusif avec sa maman, disparue en 2010 : « Elle avait fait des essais avec d’autres enfants.
Cela lui a paru plus simple de faire tourner son fils. Elle a sûrement osé être plus exigeante avec moi, mais n’est pas allée à l’encontre de ma personnalité.
J’avais mon caractère, mon physique. Sébastien, c’était moi. J’ai créé le rôle. »
Certes, le tournage débute comme un jeu, « durant les grandes vacances, avec tous mes copains du village, c’était très joyeux », puis devient plus professionnel au fil des épisodes.
Il revient en forestier bourru dans le film Belle et Sébastien
Mais un jour, ce statut d’« enfant-roi » lui pèse. « J’ai demandé mon émancipation à 17 ans. J’avais besoin de me construire en dehors du regard de ma mère. J’avais besoin de solitude. »
Suivent des années de « purgatoire », un « exil » dans le Cantal, puis une carrière en demi-teinte de comédien et de réalisateur.
Le 18 décembre, les jeunes spectateurs découvriront au cinéma Belle et Sébastien, de l’aventurier du Grand Nord, Nicolas Vanier, avec le jeune Félix Bossuet.
Mehdi, 57 ans, y campe un forestier bourru au grand cœur. La fin d’une histoire. Et le début d’une autre.
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