Belle et Sébastien

Belle et Sébastien

TV review : Nouvelle série pour enfants

Le 05/07/1984

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  • New York Times

Article traduit de l'anglais par mes soins (belle-et-sebastien.e-monsite.com)

NICKELODEON, le service câblé de Warner Amex qui essaie de se ''consacrer aux enfants sans être puéril'', lance cette semaine une nouvelle série animée de 52 épisodes. "Belle et Sebastian" sera diffusée du lundi au vendredi à 8 heures et à 15h30 (à Manhattan, le service est diffusé sur la chaîne J de Group W et la chaîne K de Manhattan Cable).

L'émission, qui suit les aventures d'un jeune Français de 9 ans nommé Sebastian et d'un énorme chien Montagne des Grandes Pyrénées, est arrivée à Nickelodeon par un itinéraire quelque peu détourné. "Belle et Sebastian" a été créé et produit en 1980 par la société MK à Tokyo. Acquise par la firme américaine, elle a été dotée d'un scénario en anglais par Eileen Opatut, puis a subi un processus de doublage par Synchro-Québec à Montréal. Le résultat de cet effort international est une émission pour enfants d'un charme considérable et d'une originalité rafraîchissante.

Dans le premier épisode diffusé lundi, Sébastian a été présenté comme le villain petit canard de son village de montagne, plein d'entrain et toujours en train de s'amuser. Il vit avec son grand-père et une jeune tante qui essaie de l'élever depuis que sa mère a décidé de partir soudainement et de voyager "bien au-delà des montagnes". Pendant ce temps, on peut voir le grand chien blanc s'échapper d'un camion de la fourrière, renversé. Le chien essaie d'aider divers villageois, mais sa taille a tendance à effrayer les gens et il est donc toujours incompris. Il ne faut pas longtemps pour que les villageois soient avertis qu'un "chien malveillant" menace leur région.

Il ne faut pas non plus longtemps, bien sûr, pour que le garçon et le chien se rencontrent, chacun étant malmené, considéré comme un être "étranger". Trouvant le chien tout à fait beau, Sébastien lui donne le nom de Belle et leur amitié commence, à la grande consternation des villageois, y compris de la propre famille de Sébastien. Mais, comme le note une narratrice invisible, "Ils n'avaient pas peur du danger, ils savaient que quoi qu'il arrive, ils seraient ensemble."

Le graphisme de la série est splendide, capturant toutes sortes de perspectives difficiles alors que les personnages marchent, courent et sautent à travers un terrain montagneux. Les dessins sont attrayants tout en évitant les pièges des câlins calculés, même si un petit chien malicieux nommé Pucci accompagne Sébastien et Belle dans leurs aventures.

Ce qui est particulièrement frappant dans cette série, c'est qu'elle soutient un jeune personnage qui est en quelque sorte un solitaire, sans parler d'un morveux. Alors que dans la production d'animation typiquement américaine destinée aux enfants, les personnages centraux ont tendance à voyager en groupes et en bandes, travaillant sur la vieille théorie de l'ajustement social, Sebastian suit sa propre voie déterminée. Il préfère jouer seul plutôt que de s'embêter avec des enfants qui le narguent sur le fait qu'il n'a pas de mère. Il trouve la plupart des "bonnes" personnes de son village étouffantes et ennuyeuses. Et il pense par lui-même. Quand il semble que le monde entier cherche à détruire Belle, il ne vacille pas une seconde dans son allégeance au chien.

Même les gens qui entourent Sébastien sont plus "humains" que les personnages fantastiques qui sont généralement favorisés dans les animations. La mère d'adoption du garçon, par exemple, est naturellement exaspérée par son indiscipline, mais elle est sans doute sévère dans certaines de ses punitions, qui consistent notamment à l'enfermer temporairement dans une grange sombre. Mais dans l'épisode d'aujourd'hui, elle en vient à comprendre que, contrairement à l'opinion générale, Sébastien a toujours eu raison à propos du chien.

Arrivé à une clôture de fil de fer barbelé marquant la frontière, Sébastien décide de quitter sa maison "quoi qu'il arrive". Il supplie sa tante de lui dire "s'il te plaît, comprends-moi et laisse-moi partir". Elle finit par céder, et le garçon, avec Pucci dans la poche de sa veste, part en Espagne sur le dos de Belle. Le reste de la série a pour fil rouge Sébastien protégeant le chien et recherchant sa mère, laissant derrière lui une généreuse leçon sur l'amour et l'honneur personnel. Nickelodeon a fait non seulement un bon mais un admirable achat.

New York Times

Belle et Sébastien (1983)

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