Belle et Sébastien

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Christian Duguay : "Un film où tout le monde trouve son compte"

Le 09/12/2015 à 00:00

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Rencontre avec le Québecois Christian Duguay, réalisateur du long métrage Belle et Sébastien : l'aventure continue, en salles ce mercredi.

Deux ans après Belle et Sébastien, l'oeuvre de Cécile Aubry est à nouveau adaptée sur grand écran. Rencontre avec le Québecois Christian Duguay, réalisateur du long métrage Belle et Sébastien : l'aventure continue, en salles ce mercredi.

AlloCiné : La saga "Scanners", "Planète hurlante", "Jeanne d'Arc", "Jappeloup" et aujourd'hui "Belle et Sébastien : l'aventure continue"... Vous avez une carrière de cinéaste atypique.

Christian Duguay : C'est vrai. J'ai franchement l'impression que tout cet apprentissage, depuis tant d'années, qu'il s'agisse de mon travail au steadycam, des mes expériences sur des films d'action ou sur des drames, m'a amené au mieux, à être en contrôle des éléments. Je crois que ça fait trente ans que je fais ce métier, j'ai maintenant une signature qui m'est propre. Je n'ai plus à me battre avec les éléments, avec la technique, ça me vient naturellement. Et maintenant, je m'implique beaucoup plus dans le scénario. 

AlloCiné : Comment vous-êtes vous retrouvé aux commandes de "Belle et Sébastien : l'aventure continue" ?

Quand on m'a fait cette proposition, j'étais un peu dubitatif à l'idée de faire une suite. Mais je suis fan de la série. Il y a 50 ans, à Montréal, je me ruais pour aller la voir en sortant de l'école. Elle est donc restée en moi. Et puis j'ai appelé mon fils Sébastien à cause de la série ! Je suis donc allé voir le Belle et Sébastien de Nicolas Vanier, et j'ai été assez séduit de retrouver ce que j'aimais quand j'étais petit, il y avait des moments durant lesquels j'étais plongé dans des souvenirs d'enfance. De par la musique, de par ces grands paysages, de par ce quelque chose de contemplatif et poétique. J'étais séduit mais je me demandais toujours ce que je pouvais apporter de plus.

Ce qui m'a convaincu, c'est le texte, la rencontre avec le père, la quête paternelle, un thème qui revient dans mes films... J'ai vraiment poussé les auteurs à développer cette facette du film. Cette rencontre avec le père, où il ne lui dit pas qu'il est son fils, il y un truc qui nous tient en haleine une bonne partie du film. Et puis ce petit garçon qui se réfugie dans une amitié avec son chien, ce rapport presque mystique entre eux, ce propre langage qu'ils ont et qui va au-delà des mots... C'était bien amené dans le premier film et il fallait aller plus loin ici. Une des réussites du film, je trouve, c'est qu'on ne refait pas ce que Nicolas Vanier a fait, on propose une nouvelle aventure, on amène le spectateur à comprendre l'univers de ce petit garçon, sa perception des choses, ses émotions. J'ai pris beaucoup de plaisir à développer ça avec le petit Félix Bossuet qui devait porter le film sur ses épaules.

AlloCiné : Comment s'est passée votre collaboration avec lui ?

C'était assez particulier, car la rencontre qu'il a avec son père dans le film, c'est un peu le contact qu'il a eu avec moi au début. "Qui est ce Monsieur qui m'a mis dans cette aventure ?" Bon, j'adore travailler avec des enfants, je suis papa, et il a vu que je l'amenais dans quelque chose où il n'y aurait pas de comparaison avec le premier film, qui avait une vraie continuité. Nicolas Vanier n'a pas été remplacé, mon arrivée s'est inscrite dans une continuité. Avec Félix, c'était une très belle rencontre. J'ai demandé à voir tous les rushes du premier film pour voir comment il répondait aux directives de Nicolas avant et après le clap, et aussi comment il travaillait avec le chien, car c'est un exercice qui demande énormément de concentration.

 

AlloCiné : Quelles différences noteriez-vous entre le premier film et le vôtre ?

Difficile de comparer, mais ce qui m'a plu dans l'écriture de Belle et Sébastien : l'aventure continue, c'est qu'on se demande ce qui va se passer entre le garçon et son père. Est-ce qu'ils vont se parler ? Et puis il y a le côté aventure du film, la quête pour savoir si la femme est vivante, les feux de forêt qui deviennent un antagoniste du film, la rencontre avec des gens sur le chemin. On est propulsés dans l'action. Je suis content de ça, on y croit, on fait vivre au spectateur quelque chose d'haletant. J'ai mis des petits clin d'oeil à Spielberg en toute humilité, aux Aventuriers de l'Arche Perdue, à Tintin aussi... Je veux que la famille qui aille voir ce film passe du bon temps et aussi qu'elle soit touchée. Il fallait trouver l'équilibre : changer, tout en faisant en sorte qu'il y ait une continuité, qu'il n'y ait pas de rupture de ton. C'est un film ou tout le monde trouve son compte, les parents comme les enfants. Il n'y a pas beaucoup de films qui rassemblent les familles pour célébrer la nature, la pureté, les rapports humains, la chaleur.

AlloCiné : Un enfant, un apprentissage de la vie... Voyez-vous des similitudes entre "Belle et Sébastien : l'aventure continue" et "Mon Oncle Antoine", un grand succès du cinéma québécois ?

Peut-être, j'adore Mon Oncle Antoine. J'ai été influencé par ce genre de films. J'adore les films avec des enfants. Quand ils sont bien dirigés, c'est vraiment touchant. Je trouve qu'il y a une pureté chez eux. Nous, quand on vit, on vit avec nos cicatrices. En amenant des émotions dans le monde adulte, on sent quand même qu'il y a de la mise en scène. Chez les enfants, il y a encore la place pour une vraie authenticité. Quand ils vous livrent ces émotions-là et qu'on y croit, elles sont d'autant plus déchirantes.

AlloCiné : Xavier Dolan, Jean-Marc Vallée, Denis Villeneuve, vous-même... Comment expliquez-vous l'essor actuel du cinéma québécois ?

Je pense qu'il y a une question de timing mais aussi qu'au Québec, on a un très gros avantage : on donne une liberté aux jeunes de s'exprimer, que ce soit dans le cinéma, la musique... On a une communauté très jeune, très artistique. Les gens se rejoignent, une communauté se forme, des célébrations artistiques se font, il y a une émulation qui fait que, très vite, on échange, on essaie. Je crois qu'il faut être audacieux. L'audace, je crois, est quelque chose qui définit assez bien les artistes québécois.

Propos recueillis par Clément Cuyer

La bande-annonce de "Belle et Sébastien : l'aventure continue" :

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