Belle et Sébastien

Belle et Sébastien

Belle et Sébastien sous l’Occupation

Le 15/02/2014 à 00:00

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Rencontre avec l’acteur Dimitri Storoge, plongé dans l’univers plus grand que nature de l’explorateur et cinéaste Nicolas Vanier

Par Odile Tremblay
Fidèle à ses habitudes, le cinéaste et explorateur français Nicolas Vanier a réalisé son dernier film dans de grands espaces, adaptant au cinéma le roman et la série télévisée de Cécile Aubry, Belle et Sébastien.
Photo: Films SévilleFidèle à ses habitudes, le cinéaste et explorateur français Nicolas Vanier a réalisé son dernier film dans de grands espaces, adaptant au cinéma le roman et la série télévisée de Cécile Aubry, Belle et Sébastien.

 

L’explorateur français Nicolas Vanier n’est pas toujours disponible. Parti par monts et par vaux avec sa tente, cette fois dans la région du lac Baïkal, le cinéaste du Dernier trappeur, de L’enfant des neiges et de Loup, également documentariste, nous entraîne dans son oeuvre à travers les grands espaces blancs, en fou de l’Arctique, du Labrador à la Sibérie.

 

Cette fois, il a réalisé une oeuvre de commande pour toute la famille, avec neige, animal et enfant, son univers de prédilection. Vanier y adapte le roman et la série télévisée (1965) de Cécile Aubry, Belle et Sébastien, chien et petit garçon gambadant dans leurs alpages. Vanier demanda que l’action soit transposée des années 60 à la période de la Seconde Guerre mondiale, histoire d’y greffer un suspense et des enjeux politiques : la fuite des Juifs avec l’aide de passeurs vers la Suisse, à travers les Alpes, sous l’Occupation allemande. Vanier, fidèle à son habitude, a tiré un livre du film.

 

Au départ, Sébastien (Félix Bossuet), un jeune garçon un peu sauvage non scolarisé, grimpant les Alpes comme un chamois, devient ami avec un chien que les villageois soupçonnent de manger leurs moutons, mais qui est innocent, bien entendu. Tchéky Karyo joue le bon grand-père ivrogne et Mehdi el Glaoui, le Sébastien de la série télévisée, fils de l’auteure Cécile Aubry, un vieux berger. Quant à Dimitri Storoge, il entre dans la peau du docteur Guillaume, résistant qui fait battre le coeur de la belle Angelina, laquelle est courtisée par un Allemand nazi pas si nazi que ça.

 

On se rappelle Dimitri Storoge, qui a joué au Québec un musicien des Colocs, Patrick Esposito di Napoli, dans Dédé à travers les brumes de Jean-Philippe Duval et un amant dans Nuit # 1 d’Anne Émond.

 

Rencontré à Paris, il parle beaucoup… de la bête, un patou, chien de montagnes. « En fait, il y avait trois bêtes [la principale s’appelle Garfield], et le chien était la plus grande star du film. Tout le monde devait lui tourner le dos quand il arrivait sur le plateau, pour qu’il reste concentré sur ses rapports avec l’enfant. »

 

Dimitri a lu l’histoire de Cécile Aubry et s’est senti ému par l’amitié du garçon et du chien. « Nicolas Vanier ne fait de films qu’à travers de grands espaces, et celui-ci parle de liberté. Le jeune Sébastien fait ce qu’il veut. Personne ne l’envoie à l’école. Il connaît la montagne et s’y amuse tout le temps. Je crois que, pour un enfant d’aujourd’hui, ça doit être intéressant de voir une existence aussi différente de la sienne. Félix Bossuet en était à sa première expérience au cinéma et il était comme tout autre partenaire, très intelligent, intrépide aussi. »

 

Dimitri Storoge joue un homme engagé, qui aide des Juifs à fuir. L’acteur précise avoir dû s’entraîner à l’escalade avant le tournage. « Je gravissais avec Nicolas Vanier, dont la vie, c’est la montagne. Il faisait froid. Peu importe ! On y va ! Quand on joue dans un film pour enfants, on sent la concurrence d’Harry Potter, de Pixar, mais on essaie de prouver qu’il est possible de faire un beau film dans un paysage magnifique avec d’autres moyens. »

 

Le village existe vraiment. « En hiver, il est bloqué par la neige. On a eu d’autres lieux de tournage, mais aucun travail en studio. Les montagnards sont des gens particuliers. Ils parlent peu et ils sont forts physiquement. Les gens du village étaient des figurants du film. Pour ma part, j’appréciais de jouer un bon gars. Je suis un père de famille et sa propre paternité change la façon dont on joue avec un enfant. La maturité nous sert. »

 

Cette entrevue a été effectuée à Paris à l’invitation des Rendez-vous d’Unifrance.

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