Belle et Sébastien

Belle et Sébastien

«Mon fantasme c'est de faire des films qui nous rassemblent»

Le 31/01/2018

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  • La dépêche - Saint-Gaudens


Clovis Cornillac a présenté son dernier film au Régent en avant-première vendredi dernier./ Photo DDM Jal

Présent vendredi dernier au cinéma Le Régent de Saint-Gaudens, l'acteur Clovis Cornillac était venu présenter en avant-première son film Belle et Sébastien 3 qu'il a réalisé. Il y joue Joseph, un méchant particulièrement redoutable qui veut enlever Belle à Sébastien.

Étiez-vous déjà venu dans le Comminges ?

Lors du tournage de La Grande Boucle, on a tourné dans pas mal d'endroits pas loin d'ici. Vous avez du bol d'avoir une aussi belle région.

Comment avez-vous atterri sur ce projet ?

C'est le producteur qui, un jour, me l'a proposé. J'étais assez sceptique parce que je ne voyais pas le lien entre moi et ce projet. Je n'avais même pas vu le 1 et 2. C'est en lisant le scénario que cela m'a inspiré. Cela me faisait penser à la littérature américaine : les hommes, la nature, les animaux. Les images me sont apparues. Mon fantasme de réalisateur, c'est de réaliser des films qui nous rassemblent, pas segmentant comme maintenant. Être au cinéma ensemble, avec des gens totalement différents et partager une aventure commune, une émotion. Par exemple, La Grande Vadrouille plaît à la fois à mes enfants, à moi et à mes grands-parents. Je voulais un film aventureux comme ça, un film qui me parle.

Vous interprétez le méchant, n'avez-vous pas peur que les enfants vous détestent ?

J'espère bien ! Mais ils adorent. Quand j'étais petit, je ne supportais pas que l'on me prenne pour un gamin, comme si les enfants étaient bêtes. Il y a une chose qui me tenait à cœur, c'est le rapport à la loi et à ce qui n'est pas juste. Même les adultes sont confrontés à des Josephs. C'est une vraie figure du mal, comme l'ogre dans les contes de Perrault. Le camion dans le film, le half-track de guerre, est pensé comme un personnage, un compagnon mécanique au vilain, anti-nature. Plus le vilain est méchant et charismatique, plus les héros sont forts. Sans cela il n'y a pas d'enjeu, pas d'héroïsme.

Enfant, chiens, neige, vous cumulez les difficultés de tournage…

C'est presque une blague dans le cinéma. Travailler avec un enfant, c'est 4 heures par jours donc il faut bien anticiper les scènes. Avec un chien, c'est la galère mais là, en plus, on avait trois chiots. Et puis tourner à la montagne, au-delà du froid et de ce que cela implique, il faut qu'il y ait de la neige, que cela soit raccord. Et puis il faut éviter les traces car il faut un chemin immaculé. Tout est compliqué. On a dû faire des détours de deux kilomètres par des chemins pour éviter des endroits.

Justement, quel est votre rapport avec la nature ?

J'adore me balader et quand je marche, j'ai toujours l'impression d'avoir une interaction avec la nature. Elle te parle, te fait ressentir que tu es tout petit et puis des fois, elle t'offre des moments dont tu es le seul spectateur, comme un cadeau. Mais ce n'est pas toujours rose, on peut avoir des moments d'angoisse dans la nature, où tu te sens vraiment démuni. C'est ça que je voulais faire ressentir dans le film.

C'est votre second film en tant que réalisateur, pourquoi cette envie de passer de l'autre côté de la caméra ?

J'ai eu des déceptions tout au long de ma carrière. Arrivé à la cinquantaine, je me suis dit qu'il fallait que j'essaye d'en faire un plutôt que de critiquer celui des autres. Je ne voulais pas mourir idiot. Et je suis tombé amoureux d'un nouveau métier. Comme quoi, il n'y a pas d'âge. Je pensais vivre une nouvelle expérience mais, en fait, j'ai vécu une passion. Professionnellement, c'est la plus belle chose qui me soit arrivée. Je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je réalise.

Est-ce facile d'être à la fois réalisateur et acteur comme dans Belle et Sébastien 3 ?

Je ne joue qu'entre «monteur et couper», je ne me prends jamais pour un personnage sauf pendant la prise où je suis très impliqué. C'est très pratique quand je réalise : je fais répéter avec une doublure les autres acteurs et puis quand je dis «moteur», je joue. Au début, je ne voulais pas jouer dans mes films mais quand je me suis retrouvé au montage, j'ai eu la certitude que j'étais un acteur pratique. Nombre d'acteurs remarquables ne sont pas bons sur toutes les prises. Si en face tu n'as pas d'acteurs pratiques comme moi, monter le film est une galère.

Comment réagit le public après le film ?

Les retours sont excellents. J'ai rencontré près de 15 000 personnes lors des avant-premières et j'ai le sentiment que le message est passé, l'impression de ne pas avoir travaillé pour rien. C'est hypergratifiant, je suis très heureux. Même mes filles de 17 ans ont adoré alors que je pensais que les jeunes de leur âge allaient refuser ce genre de film.

Dernière question, avez-vous vraiment rasé vos cheveux pour le film ?

Ah ben oui, c'est très bien fait avec un rasoir. J'avais une belle tête de con et mes enfants se sont bien foutus de moi. Il m'arrivait même d'oublier que je les avais rasés. Je peux vous dire que le matin, ça fait bizarre devant la glace de la salle de bains.

Propos recueillis pas Louis Rayssac

La dépêche Saint-Gaudens

Belle et Sébastien 3 Clovis Cornillac Interview

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